16 juin, 1633 : Galilée est traduit en justice par l’inquisition. Sous la menace de la torture, il déclare que « la terre est fixe au centre du monde ». Il avait eu le malheur de reprendre et démontrer les thèses que défendait Copernic dès 1511 à savoir que c’est la terre qui tourne autour du soleil et non l’inverse.
2015 :
6 Janvier : Les tribunaux de la ville de New York interdisent une part importante des activités d’Uber sur le périmètre de la ville de New York
23 avril : la ville de San Francisco durcit les lois d’utilisation d’AirB&B et plafonne à 60 le nombre de jours annuels pendant lesquels un appartement peut faire l’objet d’une location via la plateforme de partage
29 juin : Pierre-Dimitri Gore-Coty, directeur général d’Uber en Europe et Thibaud Simphal, directeur général d’Uber France sont placés en garde à vue à Paris, dans le cadre d’une enquête sur l’application mobile UberPop. Sous la pression, UberPop est finalement retiré.
Pour finalement reconnaître que c’est bien la terre qui tourne autour du soleil, il faudra attendre 1822. Soit un peu plus de 3 siècles pour que soient levés les interdits sur les œuvres de Galilée et de Copernic. On attribue à Galilée ces mots « E Puro Si Muove » – « et pourtant elle tourne » prononcés avant de mourir en 1642.
L’économie du partage ouvre des possibilités nouvelles de valorisation des actifs. Cette « efficacité » dans l’emploi des ressources ouvre des perspectives immenses. En particulier à l’heure où nous constatons leur raréfaction, il convient de ne pas se tromper sur les chemins que nous empruntons.
La liste des opportunités qu’ouvrent ces nouvelles technologies est longue : Gain de temps ; productivité personnelle ; productivité professionnelle ; efficacité de marchés ; baisse de coûts de réalisation ; création d’emplois ; nouvelles sources de revenus ; valorisation d’actifs ; optimisation d’usages ; liens sociaux ; gains économiques ; compétitivité ; qualité de vie, etc.
Un challenge se pose toutefois : ces nouveaux modèles interviennent sur des chaines de valeur d’industries existantes. Elles remettent en cause des modèles économiques établis depuis des décennies. De puissants lobbies et organisations professionnelles interviennent naturellement afin de défendre le territoire sur lequel ils opèrent. Evidemment, aucune entité physique ou morale n’est généralement le témoin passif de sa propre élimination. Ces actions sont naturellement appuyées par les acteurs législatifs et exécutifs des gouvernements nationaux et locaux qui sont conscients des enjeux que pèsent les industries traditionnelles mais n’ont que peu de moyens de discerner les impacts émergents des nouveaux modèles de partage.
Une question fondamentale se pose : Ces nouveaux modèles de partage sont-ils uniquement une menace pour les modèles traditionnels en engloutissant une part importante du marché ? Ou bien créent-ils des opportunités nouvelles en ouvrant des possibilités liées à l’abaissement des coûts sur des segments de marchés inexploitables par les modèles traditionnels. Sans affecter trop sérieusement les modèles existants. En clair ces nouveaux marchés vont-ils avaler une part trop importante d’un gâteau de taille fixe, ou créent-ils des opportunités en augmentant la taille du gâteau à travers les efficacités qu’ils induisent ? Je prends un UberPop mais aurais-je pris un taxi ? Je pars en voyage avec Blablacar et AirBnB mais serais-je parti avec des moyens traditionnels ? Inversement celui qui gère ses déplacements en taxi et vol + hôtel va-t-il se compliquer l’existence sur des solutions qui réduisent son confort personnel ?
Il apparait urgent pour les grands opérateurs de ces nouvelles industries du partage de fournir des études comparatives sur l’impact économique complet de leurs activités sur des zones géographiques délimitées afin de fournir aux autorités des éléments factuels et objectifs sur l’impact réel et « total » devant être pris en compte. Permettez-nous de suggérer le TVS « Total Value of Sharing » comme étant un indicateur intéressant. Nous connaissons quelques grands cabinets de conseil qui seront heureux de vous y aider.
Par ailleurs, la réglementation doit accompagner ces nouveaux modèles avec une dimension temps importante afin d’assurer une transition de qualité. L’interdiction pure et simple n’est pas souhaitable. Comment voulons-nous que les générations futures nous regardent ?
De la discussion jaillit la lumière. Législateurs et exécutif des Etats-Unis et France, de New York, Paris et San Francisco, Dirigeants d’Uber et AirB&B : ceci est une invitation ouverte à venir débattre à Paris à l’occasion du Congrès S3C Paris. Nos équipes prendront contact avec vos bureaux ou contactez-nous directement.
Et rappelez-vous. « Et pourtant elle tourne »
